Le "choc de compétitivité". (...) Un tel choc est en effet censé, dans l'esprit de ses promoteurs, nous sortir d'un coup de la nasse de la désindustrialisation et du chômage de masse. (...) Pour l'essentiel, il suffirait, nous dit-on, d'abaisser brutalement le coût du travail pour les entreprises. Autrement dit, quel que soit le mode opératoire retenu, il n'y aurait qu'à diminuer un bon coup les revenus des salariés et de leurs familles. Que ce soit via des taxes supplémentaires amputant leurs salaires nets pour compenser la diminution des cotisations sociales patronales, si on souhaite conserver le niveau actuel de la protection sociale. Ou en taillant dans les revenus de transfert procurés par cette protection sociale, si on veut limiter la hausse des prélèvements sur les ménages. Dans l'esprit de ses partisans, un tel choc permettra de redresser les marges des entreprises, de limiter les déficits extérieurs en exportant davantage et d'attirer les investisseurs en France. Avec à la clef plus d'emplois et donc moins de chômage. Le problème c'est que les inconvénients certains d'un tel choc - l'appauvrissement des salariés et de leurs familles - se réaliseraient à coup sûr, tandis que les avantages que le pays est censé en tirer ont en revanche très peu de chances de se matérialiser dans le contexte actuel.
Un remède inadapté
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Entendons-nous bien: la gravité de la situation de l'économie française ne fait guère de doute avec une désindustrialisation qui progresse à pas de géant, des déficits extérieurs abyssaux, des marges laminées… (...) Dans un tel contexte, un choc de compétitivité ne pourrait qu'aggraver encore les choses par ses effets récessifs à court terme, tant en France qu'en Europe. En choisissant de rétablir d'abord, et à marche forcée, les comptes publics, le gouvernement s'est de facto privé de toute marge de manoeuvre pour mener une politique de l'offre favorable aux entreprises.
N'y a-t-il donc rien à faire ? Si. Malgré cela, on peut, et on doit, remettre à plat le financement de la protection sociale qui pénalise aujourd'hui l'industrie. Mais il s'agit plutôt de transférer des charges entre les entreprises. On peut et on doit aussi s'attaquer sans tarder aux problèmes structurels (...). En améliorant le financement des entreprises et le soutien à l'innovation, bien sûr, mais aussi en corrigeant les défauts chroniques d'un système éducatif qui ne forme correctement qu'une élite, au prix bien souvent de l'échec des autres, et en s'attaquant aux modes de management autoritaires qui ne laissent pas de place aux salariés et à leurs représentants. De telles actions ne peuvent certes avoir d'effets qu'à long terme, mais raison de plus pour les engager sans tarder.
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